Originaire de Toulouse, JANE FOR TEA est avant tout un duo au style musical à contre-courant.

Sur scène, les arrangements sont généreusement servis par la chaleur des ukulélés, la fougue d’une batterie des années 30 et des programmations ! Dans ce projet fait de sons roots et vintage, la modernité est pourtant présente à tous les étages. L’esprit, l’énergie, le rythme : tout est pop, groovy…

Fin Octobre est sorti le 1er single « Dis moi pourquoi » issu du nouvel album que vous pouvez découvrir depuis janvier 2023.

Je suis allée à leur rencontre et à la découverte de l’album !

Bonjour. Pour commencer nous allons bousculer un peu les habitudes, je vous propose de vous présenter mutuellement aux lecteurs.
Jean-Pierre : Ah pas mal ! C’est un exercice que l’on ne nous nous a jamais demandé. Donc… Séverine Lescure. Chanteuse, musicienne, qui a commencé sa carrière d’artiste en étant comédienne, qui a joué essentiellement avec des compagnies régionales. Et qui a finalement très vite basculé vers la musique. Très rapidement, parce qu’elle avait envie de chanter. Elle s’est retrouvée assez vite à faire des remplacements dans des groupes etc… puis intégrer différentes formations. Voilà.
Séverine : C’est pas mal ! Oui c’est ça, puisqu’en fait dans mon métier au théâtre, j’avais toujours aimé chanter. Et ce, depuis que je suis petite, donc je fais aussi de la comédie musicale, de la danse, etc… Quand je l’ai rencontré, il m’a proposé de chanter. Alors j’avais déjà plusieurs groupes musique, mais il m’a proposé de travailler sur la composition, d’écrire un album pour moi. J’ai vraiment arrêté le théâtre un peu plus tard, ça devenait moins la priorité. Je faisais un spectacle mais surtout de plus en plus de musique. J’ai fait une formation aussi sur la musique pour parfaire tout cela.
A vous Séverine :
Donc… Jean-Pierre Pichon-Savoldelli. Monsieur est batteur. À la base, sa formation, c’est la batterie sur laquelle il a craqué étant petit. Ça a été une révélation très très jeune et il a appris en autodidacte au départ. Puis après il est rentré à l’école Agostini à Toulouse. (Quand tu es venu à Toulouse d’ailleurs, puisque tu n’es pas originaire de Toulouse). Puis il est passé de sa batterie « en tiroir » comme on dit à une vraie batterie. Dans cette école, il a eu un premier prix. Et à partir de là, il a commencé à collaborer avec pas mal d’artistes. Quand je l’ai rencontré il travaillait avec Claude Nougaro, avec plein d’autres gens… Et lors d’un remplacement dans mon groupe, on s’est rencontré et il m’a proposé très rapidement d’écrire un projet de composition, et on a monté notre premier projet.
Parce que JANE FOR TEA n’est pas le premier ?

Non, c’est pas arrivé de suite. J’ai vu qu’il n’était pas que batteur, il est multi-instrumentiste, il écrit, compose, chante. Alors c’était bon la présentation ?

Oui, Oui ça va.

Pourquoi le nom JANE FOR TEA, je suppose qu’on vous le demande souvent ?

Oui c’est vrai, mais c’est légitime. En fait c’est parti de  » jam « . Pour ceux qui ne savent pas, c’est une rencontre improvisée entre musiciens, ça vient de  » jam session  » et on aimait bien l’idée de faire une rencontre improbable comme ça, improvisée, à l’heure du thé : voilà jam for tea. C’est vrai, on trouvait que ça sonnait bien, on était content de ça. Mais en fait, la partie féminine du groupe n’était pas représentée dans le nom. Il manquait quelque chose. On est arrivé sur Jeanne puis Jane…

Oui Jane est arrivée. Moi, Jane, ça m’a très vite évoqué la Jane de Tarzan parce qu’il y avait un petit lien pour moi dans l’enfance, avec Chita, parce que j’aime bien faire le clown. En évoluant on se dit, il faut passer de Jane, la Jane bourgeoise, de bonne famille qui se délivre, existe, se libère et celle qui devient la Jane de Tarzan à l’état sauvage. On l’imaginait avec des éléphants, rentrer dans le salon de thé, voir réagir sa famille bien bourgeoise et mettre justement un peu de fantaisie, de folie dans les choses établies. Et ça c’était intéressant. Oui, l’image était « un éléphant dans un salon de thé », du coup c’est parti sur cette idée de partage, mais après on crée une histoire autour de ça.

Oui, disons que l’on a trouvé finalement de bonnes raisons. Chacun pourra aimer ce nom. C’est vrai que l’on nous a demandé pourquoi un nom anglo-saxon ? Ça vient du fait que l’on avait beaucoup de références musicales anglo-saxonnes.

Et que l’on a eu beaucoup l’occasion de jouer à l’étranger, que l’on aimait bien ce côté très ouvert.

On a dit que vous aviez commencé sur d’autres projets. Comment êtes-vous arrivés à celui-là ?

On a commencé notre collaboration il y a une vingtaine d’années avec un projet musical qui s’appelait Ananda (2004) que l’on avait créé de toute pièce, qui était un projet « musiques du monde », des musiques vraiment plus  » world music  » pour le coup. Là maintenant on est plus pop on va dire, mais à l’époque c’était vraiment  » world music « . Donc on avait monté un groupe avec jusqu’à 9 ou 10 musiciens, c’était très riche musicalement.

C’était le premier projet qu’il avait écrit entièrement avec moi. Mais je n’avais pas écrit les chansons. A partir de là, on avait vraiment arrêté tous le reste autour. C’était notre premier projet, on ne s’était consacré qu’à Ananda. Et nous avons pas mal tourné, on a fait à peu près 120 concerts avec ce projet, mais ça restait régional. C’était vraiment un beau spectacle. On avait travaillé les lumières, moi je dansais aussi, il y avait plein de musiciens, c’était très beau.

Et puis on a énormément appris notre métier grâce à ce projet, parce qu’en fait, on a diversifié toutes les compétences qu’un musicien doit avoir maintenant, c’est-à-dire l’enregistrement, donc s’équiper chez soi pour être capable de s’enregistrer professionnellement, et jusqu’à la com’. On a fait nos armes avec ce projet.

On a monté une structure associative, une licence de spectacle, ça a posé toutes les bases, finalement, du métier dans sa globalité.

On est passé de 10 musiciens à 2 ! ( rires ) Mais d’ailleurs on avait un ami à l’époque, au tout début d’Ananda, qui nous a dit « mais pourquoi vous prenez autant de musiciens ? Vous êtes le projet, c’est vous deux, faites – le à deux » mais à l’époque, nous n’étions pas encore assez mûrs, je pense. Il nous a fallu quelques années pour le faire. Que ce soit le bon moment.

J’ai lu que votre style est décrit comme « vintage pop ». Est-ce que vous vous êtes d’accord avec cette description ?

Oui. En fait, c’est pour se différencier de la chanson pop qui est extrêmement large. Et je suis pas sûre que ça évoque tant de choses que ça. Et le vintage, c’est parce qu’au départ, sur la construction visuelle de JANE FOR TEA, ça a été une évidence tout de suite. Par les très vieux instruments déjà. Il se trouve que Jean-Pierre est collectionneur de très vieilles batteries et que quand on a démarré avec le ukulélé, on est tout de suite parti dans de très, très vieux ukulélés. On est devenu collectionneurs, c’était une sorte de folie. On n’arrêtait pas de rechercher les raretés partout et du coup on a travaillé avec de très vieux instruments, que ce soit moi au ukulélé ou lui à la batterie. Ca avait un charme fou. On avait des très vieilles valises, tous les instruments, tous les rangements. On mettait les vieilles valises en déco, et il y avait en plus mon look aussi qui était complètement dans l’esprit. Ca s’est fait tout seul en fait. Donc il y avait ce côté vintage déjà dans le style puis dans la musique. Il se trouve que quand on a une vieille drum, même les chansons qu’on apprenait, on les refaisait. Toujours avec un esprit  » old school « , surtout qu’au début de JANE FOR TEA , on était en plus en trio, avec un contrebassiste, donc on avait vraiment ce côté swing qui revenait.

C’est vrai que quand on écoute le nouvel album, on entend toujours ce petit côté années 50 sur certains morceaux…

Dans ce nouvel album le côté vintage est peut-être un peu plus dilué. On est allé chercher des choses assez modernes aussi. On a un pied dans l’ancien, un pied dans le dans le présent, donc c’est peut-être en effet un peu moins d’actualité ce terme vintage qu’il y a quelques années. Cependant, moi je joue toujours sur des batteries qui ont quatre-vingts ans, toujours des vieux instruments qui donnent quand même cette image, cette âme aussi et ce son. Et puis par définition le vintage, c’est tout ce qui est juste avant nous, donc…

Les années 90, c’est vintage maintenant ( rires )

Qu’est-ce qui définit vraiment ce qui est vintage ? Par définition, je pense qu’à partir du moment où c’est hier, c’est vintage.

Mais c’est vrai, comme tu le disais, c’était plus visible sur le premier album qui était en trio. Il n’y avait pas de production musicale aussi poussée que sur le nouvel album. On était quand même sur quelque chose que l’on venait de créer, minimaliste, où on enregistre en live, contrebasse, batterie, voix. Et c’est vrai que ça a bien fonctionné. Et puis pour le 2eme EP s’est dit que l’on avait un peu plus envie de nourrir, de produire…

C’est vrai que l’on a remarqué que par nos influences, nous, on a fait des chansons qui ont de plus en plus un potentiel radiophonique, plus que dans les productions que l’on avait fait précédemment. De bons ingrédients pour leur donner leur chance. Voilà, donc sans perdre notre âme, on a essayé d’amener la production vers ça.

Le nouvel album est là pour passer encore un cap sur la production.

Venons en au nouvel album et au nouveau single ?

Le nouveau bébé ! C’est vraiment tombé dans une période où l’on n’avait pas d’autre choix que de se retrouver chez soi. Et par conséquent on était bien content d’avoir créé notre nouveau studio d’enregistrement. Parce qu’on est parti de Toulouse pour aller vers les montagnes et avoir cette possibilité d’un vrai studio et pas juste un petit home studio comme on avait jusque là. Avoir un bel endroit de travail. On s’est plongé dans cet album, on a commencé à écrire des chansons tous les deux, parce que la nouveauté sur ce nouvel album, c’est vraiment ça, la collaboration totale. On a complètement assumé le duo et on a tout coécrit, composé ensemble. Même si l’on avait déjà commencé, sur mon album, un petit peu. Mais c’était surtout lui qui proposait beaucoup. Donc là je me suis dit, « allez on y va ! ». On s’est dit que l’on serait peut-être plus efficace, que je ne transformerai pas les choses après, et que l’on ne ferait pas 36000 versions de la chanson. Ça a été un travail merveilleux pour moi aussi, de complètement rentrer dans le processus de création.

Oui parce que ce n’est pas quelque chose de facile finalement. Déjà, le processus de création d’une chanson lorsqu’on est seul, c’est compliqué. A deux, forcément ça peut rajouter de la complexité mais ça rajoute aussi des possibilités d’ouverture que l’on ne soupçonnait pas. C’était vraiment intéressant de mettre les choses à plat, d’essayer d’enregistrer. Parce que c’est vrai que pour arriver à une chanson finie, il faut faire un max d’essais, de brouillons, de réécriture, de recomposition… Il y a beaucoup de choses en fait, c’est tout le temps quelque chose que l’on remet en question jusqu’au moment où l’on écoute et on se dit que ça va, que cette fois c’est la bonne version. On ne s’est pas freiné. On a fait tout ce que l’on avait envie de faire, on n’a pas réfléchi en terme de style, ou même en terme de thème, de ce dont on va parler, en français, ou en anglais. On a vraiment pris les choses comme elles venaient. A l’arrivée on s’est retrouvé, je pense, avec 25 propositions, et on en a gardé la moitié.

Comment avez-vous travaillé ? Vous écrivez ensemble, vous composez ensemble ou alors c’est chacun de son côté ?

Souvent, quand on compose, ça part d’un petit truc. En tout cas, moi, c’est comme ça que je le vis. C’est très rare que d’un seul coup il y ait la totalité, bien que ça a pu arriver. Mais bon c’est souvent une petite idée qui semble tout à fait anodine. Et que l’on garde, puis on revient dessus, on travaille. Quand je sens que l’idée peut être intéressante, je lui soumets. Si elle me dit « oui, ça peut être chouette » , elle prend le relai et elle essaie aussi. Ensuite ça devient un travail commun. Et quand c’est elle qui a une idée, c’est pareil dans l’autre sens.

Parfois même, sur certains morceaux il a eu une idée de grille (une suite d’accords), et je suis partie en improvisation. Ça m’inspire un truc, en chantant directement des onomatopées dessus. L’onomatopée va me donner un son, ce sera des mots plus en français ou en anglais, et ça nous amène sur une thématique. Parce qu’on est vachement sur l’instinct. C’est-à-dire instinctivement qu’est-ce qui est sorti ? On va déjà avoir l’idée de quelques sons, de notes et de mots parfois. Et on se laisse aller. Ici c’est anglais ou ici en français, ça sort comme ça sort et c’est très intéressant. Sur l’album il y a des chansons anglaises, d’autres sont françaises et en fait ça vient tout aussi naturellement.

Il n’y pas de règle absolue, mais je pense que les thèmes que l’on a traité en anglais pour deux chansons notamment, s’imposaient dans cette langue. La première, c’est Nowhere, l’autre c’est Black Lake, et ces deux chansons ont été écrites à l’étranger. Pour la première, nous étions en Angleterre et la deuxième nous étions en Finlande. Et justement on parlait beaucoup anglais, donc on n’a même pas calculé.

Taïma c’est ma première composition, la première idée que je t’ai amenée. C’était un tout nouvel instrument que je venais d’acheter, un instrument canadien à 3 cordes. Et donc, je travaillais un peu l’instrument et j’ai eu une petite idée qui m’est venue, de développer une mélodie, etc… A partir de là, j’avoue que les mots que j’avais déjà trouvés, étaient des mots en anglais. Parce que selon la façon dont je chante en anglais ou la façon dont je chante en français, je ne vais pas avoir le même débit, ou les sons seront différents. Je n’aurai pas trouvé le même dialogue en français, donc on est parti sur cette idée, on a eu très vite des images et l’image crée l’histoire.

J’ai beaucoup aimé Taïma d’ailleurs.

Il y a quelque chose dans l’inconscient sur le côté un peu sauvage, initiatique et tribal, et ce même si on ne fait pas attention au texte.

Et puis je me souviens très bien… On l’a écrite dans cette période, où tout le monde était un peu enfermé. Je pense que inconsciemment, on a voulu s’adresser au plus grand nombre et je ne pense pas que l’on aurait pu le faire en français. En tout cas, moi je le ressens comme ça avec le recul. On voulait que ce titre ai une résonance internationale. Et aussi par rapport au message qu’il y avait.

Et puis on ne s’est jamais limité sur l’anglais non plus.

Déjà parce que tu le chantes très très bien !

C’est gentil. Mais c’est surtout que l’on a fait une rencontre il y a quelques années, par le projet Ananda, qui n’était qu’en français. Et pourtant, c’est un quelqu’un qui était à New York, qui était un arrangeur incroyable et qui avait remarqué notre travail à l’époque sur Myspace ! A partir de là, nous sommes allés le voir à New York, il avait adoré le projet. Bon, il ne produisait plus, mais nous sommes restés proches, même encore aujourd’hui. Il nous avait dit « mais ce morceau, si vous le faisiez en en anglais, ça serait génial. Ça pourrait fonctionner ici ». Mais nous on chantais en français, on n’y pensait pas à l’époque. Et puis, petit à petit, comme il se trouve que l’on a eu l’occasion de jouer en Angleterre, de jouer à d’autres endroits c’est venu aussi dans la création, une logique, un instinct naturel.

Et puis anecdote qui a de l’importance, c’est que le premier titre que l’on a eu, qui a tourné sur FIP et sur Radio France, c’est un titre en anglais qui a été signé chez Wagram. C’est sur le premier album, il s’appelle Sweetie. Alors que l’on dit qu’il faut faire français en France. Un titre que j’avais, en plus, composé quelques jours avant que l’on rentre en studio. Il n’était même pas prévu dans l’album.

Tu me l’as fait le soir du premier de l’An, j’ai eu une semaine pour le travailler ( rires )

Elle m’a aidé à finir le texte alors que j’avais la mélodie, on a enregistré et puis voilà. Donc, c’était une belle histoire.

Je crois que si l’on crée une cohérence à deux, un univers, après globalement, sur scène quand on offre les chansons, il y a quelque chose qui se déroule. Et puis de toute façon, les arrangements sont tellement beaux. J’allais dire que, chacun a son bel écrin, très personnel, chaque chanson à son univers assez marqué.

C’est vrai que ce n’est pas un album avec des chansons qui auraient toutes le même style.

Alors ça, nous, on a toujours évité. On a toujours été pareil sur ce point, on a toujours écouté énormément de choses. Et on n’a jamais aimé les albums qui sont toujours pareils dès le début.

Avec cet album, quelles sont les prochaines étapes ?

L’Olympia ( rires )

Ou Bercy ! Il faut se préparer ( rires )

Nous sommes en train de faire en sorte de pouvoir être diffusé au maximum, arriver à intégrer des réseaux de concerts plus importants. Le jouer, le développer.

Faire des concerts, oui, mais ce qui est important, c’est maintenant de pouvoir accéder à certains festivals qui n’ouvrent leurs portes que s’il y a une certaine diffusion. Donc on est toujours obligés de passer par la case diffusion nationale pour pouvoir même prétendre à avoir un festival. Même si on a déjà, nous, fait plus de 400 concerts. On a envie que cet album puisse nous ouvrir peut-être une équipe ou des gens qui nous aident à nous développer encore mieux.

Cet album, quand on l’écoute se prête à plusieurs styles de festivals différents, non ?

C’est ce que l’on pense aussi. Que l’on a notre place en effet. Donc voilà. On espère aussi accrocher une diffusion en radio nationale qui est, pour des artistes comme nous, le Graal ! On travaille là-dessus.

Le chemin est long et on s’accroche. Au niveau des concerts à venir, on commence à remplir l’agenda, les prochains seront le 10 février au Fousseret, le 11 mai à Toulouse, au Chorus.

En parlant de scène, la scène de vos rêves, pour chacun d’entre vous, quelle serait – elle ?

( En chœur ! ) : L’Olympia !

Oui je crois que c’est inconscient… C’est loin d’être une grande salle en plus ! En plus, moi j’y ai mis les pieds il y a une vingtaine d’années pour accompagner un chanteur. Je gagne un concours à l’époque et je vais l’accompagner sur scène. Et puis on nous a dit « non, vous pouvez pas jouer il y a un orchestre ». Moi, du coup j’ai été dans les gradins, en train de regarder. En plus, c’était l’ancien Olympia parce qu’il a été refait, je sais pas si tu sais ? L’Olympia d’origine a été détruit et a été reconstruit à l’identique à 2 pâtés de maison à côté. Par contre c’est vraiment une copie conforme. Voilà, j’ai vu l’ancien. Mais même si désormais ce n’est pas celui où sont passés Brel etc… ça reste quand même une salle mythique.

Et voir son nom sur la devanture avec les fameuses lettres rouges.

Oui alors ça on l’a à Toulouse, au Bijou ! ( rires ) J’adore quand ils font ça. C’est notre mini Olympia. Ils nous programment souvent. C’est notre salle fétiche à Toulouse, et puis ils nous accueillent à chaque projet, plusieurs fois, ils sont fidèles, donc c’est chouette. On a fait aussi des scène extérieures. On a quand même eu la chance à Toulouse, de jouer en première partie le 14 juillet devant un monde fou !

Par conséquent, ce projet vous souhaitez l’emmener à nouveau à l’étranger?

On devait ! Ca a été annulé par la Covid. Nous devions rejouer en Angleterre, aller sur l’île de White pour un festival. Et en profiter pour essayez de trouver des dates, vu que l’on avait des contacts d’avant et tout est tombé à l’eau.

Oui, on espère et on va essayer de le refaire. On a un répertoire qui permet cela, je pense, par le fait que l’on chante en français et en anglais, mais aussi par la variété des styles musicaux. Nous ne sommes pas dans la pure chanson française qui pourrait peut-être parfois nous isoler. Je pense que beaucoup de gens s’y retrouvent, de tout âge et de toute nationalité.

D’autant que nous avons le réseau du ukulélé. En fait, il y a beaucoup de festivals internationaux de ukulélé et c’est souvent par ce biais là aussi que l’on arrive à voyager. Quand on a joué en Roumanie, c’était avec les alliances françaises ou les instituts français, donc c’était un peu différent. Donc voilà, ça permet de couvrir pas mal d’endroits, et c’est chouette.

Pensez-vous reprendre aussi des projets solo ? Le théâtre par exemple ?

Ah là, franchement, non.

Est-ce que vous envisageriez de jouer ensemble au théâtre ou pas du tout ?

C’est vraiment une bonne question ! Nous n’y avions jamais pensé, peut-être que l’on devrait ( rires )

Il n’a jamais osé, il n’a jamais essayé, mais c’est une bonne idée ( rires )

Une prochaine étape peut-être ?

Jouer avec moi ce serait super ! Comme ça, il ne pourrait pas dire « tu m’empêches de travailler » ( rires )

Plus sérieusement, par nécessité, vu que l’on travaille ensemble et que l’on a ce projet ensemble, je ne pouvais pas, moi, repartir au théâtre. Et puis ce n’est pas du tout organisé pareil. La musique c’est tout le temps, alors que le théâtre je vais avoir par exemple 15 jours où je serai prise énormément et je ne pourrai rien faire d’autre, par conséquent ça mettrait trop entre parenthèses ce projet. Donc on n’a pas la possibilité de se focaliser sur autre chose.

Oui et puis on est obligé de tout faire à deux. C’est tellement…enfin, c’est un boulot, vraiment un très très gros travail. On n’imagine même pas faire autre chose parce que déjà nous n’avons pas le temps de tout faire « bien ». Dans les journées, il y a un quota d’heure de travail à faire, donc rajouter encore plus d’informations à ça, ce serait nuire purement et simplement a ce que l’on essaie de mettre en place.

Ce serait disperser l’énergie. Je pense que si l’on arrive tout d’un coup à avoir un gros succès, on n’est pas à l’abri d’un succès ( rires ), à ce moment-là, on verra si on peut avoir une parenthèse personnelle. Mais ce n’est pas le moment.

Puis je pense qu’on le sentira si l’on souhaite faire un petit break mais là on est tellement à fond… Et on a bien compris, les années passant, que l’on bonifie notre projet aussi parce qu’on ne lâche rien et que l’on y consacre notre temps… On sent que l’on s’améliore. On se remet en question tout le temps. Nous revenons d’une semaine de formation à Paris par exemple. On grandit dans la mesure où nous évoluons. C’est tout benef’

Sur ce nouvel album, quelle est la chanson que vous préférez ?

Aaaaaaah bonne question…. Je t’en prie ! ( rires )

Ah là là là. Alors moi j’ai… mais ce n’est peut pas être ma préférée…

Tu n’as droit qu’à une réponse ! ( rires ) C’est bien ça ?

Oui, c’est ça. Bon j’imagine que c’est un peu comme si je demandais aux gens de choisir entre leurs enfants ? ( rires )

C’est un peu ça ! Sauf que moi, c’est une famille de 12 enfants !

Je les adore toutes, mais j’ai quelque chose avec Chaque seconde parce que mon fils chante dessus et dès que je l’écoute…ça me met poils, les larmes. Donc Chaque seconde, c’est un peu ma petite fétiche même si c’est compliqué, et puis Taima c’est ma…

Aaah non ! Une seule !

Moi c’est pareil, ce sera Chaque seconde mais pour les raisons un peu différentes. La première raison c’est que c’est que c’est un texte que j’ai commencé, écrit intégralement il y a une bonne quinzaine d’années par rapport à une histoire personnelle, par rapport à l’absence d’un enfant, que je ne voyais pas trop… Ca m’a évoqué cette chanson là et j’avais mis ce texte de côté. Je ne voyais pas trop ce que l’on pouvait en faire et un jour, en recherchant une mélodie… j’ai présenté la mélodie à Séverine. Elle m’a dit « oui c’est sympa, tu pourrais mettre ce texte là justement, sur cette mélodie ». Ca a super bien marché et la cerise sur le gâteau a été de faire chanter notre fils Oscar, qui avait 6 ans à l’époque, sur les refrains.

Et surtout, c’est par rapport à la période… On ne savait pas où on allait, on ne savait pas si l’on retrouverait notre liberté, si la société allait devenir encore plus une catastrophe. C’était bien pourri, nous ne savions pas s’il fallait fuir, si nous allions rester en France. Enfin bref, nous nous posions plein de questions assez profondes, familiales. J’avoue que pour moi, cette chanson a été portée de tout ça aussi. Chaque seconde, c’est l’instant présent. Le « vivre à fond ». C’est vraiment ce qui ressort sur pas mal de chansons, même sur Taïma, sur le rite initiatique.

Oui, Chaque seconde c’est vraiment ça. C’est une seconde, mais qui doit rester l’éternité. Il y a quelque chose dans tout ça, au quotidien, qui doit rester, c’est vivre en pleine conscience.

Ce n’est pas pour rien que l’album s’appelle comme ça.

Pour mieux vous découvrir : quelle serait la chanson qui vous décrirait ou qui vous ressemble ?Ou peut-être la chanson que vous auriez aimé écrire ?

C’est très compliqué de répondre tu imagines bien. Si je dois choisir moi, il y en a une qui me vient à l’esprit. Pour plein de raisons. Celle que j’aurais aimé écrire mais aussi parce que parce qu’elle représente beaucoup de choses que j’aime : c’est Le poinçonneur des Lilas de Serge Gainsbourg. C’est un artiste qui m’a foudroyé quand je l’ai découvert, et donc oui ce serait cette chanson.

Oui mais…non…c’est compliqué… Parce qu’en fait c’est, c’est idiot mais là moi j’ai toutes mes références qui viennent, plutôt mes premières chansons…

Et il en faut une seule ! ( rires )

Moi ça part dans tous les sens ! Là j’ai Dalida. Mais la première qui m’est venue, c’est juste parce que j’adore la chanter, n’a rien à voir, c’est Back to Black de Amy Winehouse. Mais ce n’est pas parce que j’aime la chanter que c’est celle qui me ressemble et qui m’a amené à la chanson pas du tout, mais il faut voir l’ensemble. Bon je répondrais Dalida. C’est plus ma constitution quand j’ai commencé, je chantais Dalida, Édith Piaf…

Tu dois en choisir une !

Une chanson, Je dirais Gigi l’Amoroso de Dalida.

Pour terminer, je pose toujours la même question à la fin des interviews. Vous avez fait maintenant beaucoup d’interviews, quelle est la question que l’on ne pense jamais à vous poser et à laquelle vous auriez aimé répondre?

Encore une question originale… Je ne vois pas, tu as abordé les choses essentielles. A propos du processus de création, de nous-même…

C’est vrai que l’on a abordé plein de choses variées…

Ah si ! Après réflexion, j’aimerai que l’on me demande quel est mon objet fétiche. Parce que ça en dit beaucoup sur les gens…

Et donc ?

Moi c’est un vieux magnéto – cassette ! Je l’ai depuis que je suis jeune, je m’enregistrais dessus à l’époque déjà. Et je l’ai toujours.

Et moi c’est ma collection de tortues ! C’est mon animal fétiche, sûrement parce que  j’en ai eu plus jeune, et ensuite j’ai collectionné les objets « tortue ». Peut-être parce que la tortue me ressemble assez… lente mais fiable et capable d’empathie ( rires )

LE JEU DES 7 DIFFERENCES !

Vous faites tout ensemble, mais quelles sont les 7 choses qui vous différencient ? 

La première, qui est une évidence, c’est que l’on est extrêmement différents au niveau du caractère. Comme deux opposés, même s’il n’y paraît pas. Mais c’est justement parce que nous sommes deux opposés que l’on se complète. En fait nous sommes la moitié d’un vase et réunis cela fait une belle faïence.

C’est ça. 

Ensuite je dirais… que lui est très organisé. Pas moi !

Oui l’organisation c’est une grosse différence. Sinon moi j’ai tendance à être râleur, colérique alors qu’elle…

Alors que moi je suis joyeuse, et je veux faire en sorte que tout aille bien. Donc en fait, on amène à chacun le truc qui lui manque. Autre point ? Ah oui je sais ! Travailleur solo. Parce que toi tu as commencé en tant que musicien, avec l’habitude de travailler en solitaire. C’est un grand solitaire et moi…

…je n’ai pas d’amis, elle en a 300 ! ( rires )

C’est un peu ça. Toi tu as quelques amis, forts et choisis Et moi, je vais garder pleins d’amis de longue date. Depuis toujours je travaille en collectif. Par le biais du théâtre notamment, où j’ai toujours travaillé en équipe. Nous ne sommes pas du tout sur la même façon de fonctionner.

On en est à combien, 3 ou 4 différences?

Elles nous résument bien déjà. Après, ce seront des détails, mais qui n’ont pas d’intérêt à mon avis.

Bah j’ai des cheveux, il n’en a plus ! ( rires ). En résumé, nous avons des tempéraments différents mais qui se complètent. C’est-à-dire que moi j’amène le côté parfois un peu foufou, difficile à recentrer, mais qui apporte aussi une ouverture. Egalement sur tout ce qui est mise en scène, spectacle, lumière. J’allais dire que je suis un peu plus sur le côté spectacle. Et lui, il est beaucoup dans tout ce qui concerne la construction. Il me recentre beaucoup donc ça moi ça m’aide à m’organiser… C’est ce qui a déclenché chez moi le fait d’écrire aussi et de faire des chansons. Moi j’étais sur des spectacles où je travaillais sur des rôles qui n’étaient pas moi. Cette mise à nu, m’a amené à plus de profondeur, plus de « vas-y, ouvre ce gros cœur que tu as, et va chercher là-bas, au fond »

LE NOUVEAU SINGLE

Dis moi pourquoi ?

Jane For Tea sur scène :

♦ le 10 février : Le Fousseret – Scène du Picon – 21h

Réservations : 06 49 22 18 40

♦ le 11 mai : Le Chorus – Toulouse

 

« CHAQUE SECONDE » DISPONIBLE SUR TOUTES LES PLATEFORMES

Je vous « dis pourquoi » j’ai aimé le nouvel album !

Si sur ce nouvel album on retrouve les sonorités, les instruments, le swing qui font JANE FOR TEA, il nous emmène aussi dans un univers très varié musicalement, très dynamique ! Dans cet opus très travaillé, où le vintage est plus discret, on découvre des chansons différentes et indépendantes les unes des autres par leur style, leur univers, leur histoire. Des histoires qui parlent à chacun d’entre nous. On passe de l’anglais au français naturellement, et à la fin de chaque écoute on a hâte de découvrir ce que nous réserve la chanson suivante !

Karine