Synopsis → Au cœur du Morvan, Nico, dernier véto du coin, se démène pour sauver ses patients, sa clinique, et sa famille. Quand Michel, son associé et mentor, lui annonce son départ à la retraite, Nico sait que le plus dur est à venir. « T’en fais pas, j’ai trouvé la relève. » Sauf que… La relève c’est Alexandra, diplômée depuis 24 heures, brillante, misanthrope, et pas du tout d’accord pour revenir s’enterrer dans le village de son enfance. Nico parviendra-t-il à la faire rester ?
À l’occasion de l’avant-première du film « Les vétos » au Gaumont Wilson de Toulouse, Nicolas a rencontré Julie Manoukian, réalisatrice, ainsi que Clovis Cornillac qui y tient le rôle principal.
En salles depuis le 1er janvier 2020
Pourquoi avoir choisi d’aborder ce sujet de la médecine vétérinaire en milieu rural ?
Julie Manoukian : D’abord parce que je ne le connaissais pas ! C’était donc avant tout pour découvrir ce métier que je trouvais héroïque. Quand je me suis plongée dans les recherches, j’ai réalisé quelle était la passion que ces gens-là ont pour leur activité, et leur humour aussi. J’ai également découvert ce problème de la désertification qui est exactement la même problématique que pour la médecine humaine.
Nous avons tourné dans le Morvan, et dans ces régions les vétos ont un rôle absolument indispensable notamment auprès des éleveurs quand les choses se passent mal, ce sont des relations très fortes, et j’ai trouvé ça vraiment poignant.
Clovis Cornillac : De toute façon tout ça est intimement lié. Je n’avais pas mesuré à quel point le métier de véto en campagne est extrêmement compliqué. Énormément d’heures de travail, jour et nuit, des territoires immenses, et un rôle social indispensable. Ils ont affaire à des gens âgés, esseulés, isolés, qui pour certains ont leurs animaux comme seuls compagnons de vie. C’est souvent 160 bornes pour aller voir une dame, prendre un café et lui demander « ça va, vous tenez le coup ? », puis c’est aussi des gens qui comme dans le film sont dans une certaine parano, qui remettent tout en cause parce qu’ils ont lu des choses sur internet. Ils sont confrontés au social en permanence, à la vie.
Et puis une chose à laquelle je n’avais jamais réfléchi, mais c’est aussi pour nous tous, d’un point de vue sanitaire, les premiers sur le terrain pour alerter sur d’éventuelles épidémies, la grippe aviaire, ce genre de choses. C’est le tout premier rempart.
Aviez-vous, comme de nombreux enfants, envisagé un jour de faire ce métier ?
CC : Alors moi non, car j’ai très vite réalisé que je n’avais pas les capacités intellectuelles de pouvoir faire des études suffisamment pointues pour devenir vétérinaires (rires) !
Mais je ne ratais pas un épisode de Daktari, même si j’étais plus Clarence que le vétérinaire !
Gardez-vous un souvenir ému particulier d’un moment auprès des véritables vétérinaires qui accompagnaient le tournage ?
CC : Comme toujours je n’arrive pas à hiérarchiser les souvenirs. Mais j’ai passé beaucoup de temps avec le vétérinaire qui suivait le tournage. Nous avons très vite accroché, nous avons travaillé ensemble, moi pour le film et lui parce que c’est son métier. Et dans ce cadre-là tout m’a marqué, sa gentillesse, son humour, son professionnalisme… Et sa passion !
Le regard que posent les gens sur cette personne qui vient soigner son animal est quelque chose d’énorme. Ça c’est le véritable gros salaire de ces métiers-là, un métier qui les poussent souvent à sacrifier une partie de leur propre vie.
Julie, vous n’avez pas eu de mal à faire votre choix s’agissant du personnage de Clovis ?
JM : Pas du tout ! J’espérais juste très fort qu’il accepte, et il m’a fait ce cadeau-là.
J’ai grandi et continué de vivre ma vie d’adulte avec tous ses rôles, c’est un acteur particulier.
C’était le seul nom sur lequel la distribution, la production et moi-même étions tous d’accord, et quand nous avons décidé de lui envoyer le texte, c’est très vide devenu « ce sera lui ou ce ne sera personne ! ». Autant vous dire que je n’étais pas sereine en attendant son retour (rires) !
Qu’en est-il du reste du casting, notamment Noémie Schmidt et Michel Jonasz ?
JM : Noémie il y a eu une évidence lorsqu’elle a passé les essais. Nous avons vu 25 comédiennes et elle a littéralement crevé l’écran, c’était Alex, elle avait à la fois ce côté un peu rock, et aussi ce côté solaire que l’on découvre plus tard dans le film.
Concernant Michel c’était un dieu pour mon père lorsque j’étais petite, c’est un musicien et un acteur exceptionnel, et puis pour la petite anecdote, plus jeune il envisageait d’être médecin, alors ce rôle l’a beaucoup amusé.
Est-il également compliqué de diriger des enfants ?
JM : Un peu… Un peu plus que les animaux en fait (rires) !
Il faut se faire comprendre, mais ça ne passe pas forcément par les mêmes choses, et il faut surtout leur donner l’envie de continuer à jouer. Ils ont été supers avec nous, c’est leur premier film aux deux frangins et ils ont dû engloutir avec le sourire des tonnes de coquillettes à 10h du matin !
Concernant Juliane Lepoureau (Zelda dans le film NDLR) c’est différent, elle tourne beaucoup, c’est une vraie pro !
CC : Et puis elle a 42 ans aussi… (rires) !
On assiste à un vêlage dans le film, pouvez-vous nous en dire davantage sur la préparation d’une scène forte comme celle-ci ?
JM : La première étape a été de trouver le décor. Nous sommes arrivés chez cette éleveuse dans l’idée de trouver ce décor d’étable pour tourner la séquence.
En discutant avec l’éleveuse nous avons compris qu’elle avait 15 vaches qui devaient mettre bas pour la première fois pendant notre tournage, c’était une aubaine pour nous sachant que son véto était aussi notre consultant sur le film, il y avait donc une certaine forme de confiance.
J’avais vraiment envie de filmer un vrai vêlage car il était évident qu’il y avait quelque chose qu’on ne pourrait pas truquer, c’est le premier regard du petit veau.
Le jour J l’équipe avait préparé la lumière, et nous avons attendu en nous racontant nos propres histoires de naissance (rires) ! Nous avons ensuite tous été submergés par l’émotion de ce moment qui s’est déroulé devant nos yeux y compris Noémie (Alexandra dans le film NDLR) qui a pu faire les gestes qu’elle avait préparé soigneusement.
Ce film aborde également le sujet de la transmission, était-il important pour vous de montrer que l’on peut transmettre l’envie de faire ce métier à quelqu’un ?
JM : Tout à fait. C’est LE sujet du film. L’envie d’écrire cette histoire est aussi venue de là. Si des gamins ont envie de faire ce métier après avoir vu le film, alors on aura gagné.
Une suite pourrait-elle être envisagée ?
JM : Il est certain qu’on pourrait faire vivre des tas d’autres histoires à ces personnages, surtout qu’en passant du temps avec les consultants sur le film, j’ai entendu tellement d’histoires que la matière est presque infinie… Mais pour moi je pense les avoir amenés là où je souhaitais les amener.
CC : Typiquement si le film a la chance de marcher, au même titre que la série « Hippocrate » sur Canal+, il me semble que le sujet pourrait tout à fait se prêter à être décliné dans ce type de format.
C’est un sujet tellement riche qu’il fera forcément l’objet d’autres œuvres, au cinéma ou à la télévision.
L’avis de la rédaction
A l’instar de « Médecin de campagne » sorti en 2016, « Les vétos » est un très beau film sur un sujet sensible et encore très peu abordé.
Nous y découvrons à quel point ce métier de vétérinaire en milieu rural, au-delà d’un rôle social essentiel, est une véritable question de survie, à la fois pour les maîtres, souvent isolés, mais aussi pour les éleveurs qui consacrent toute leur vie à leurs animaux.
Julie Manoukian signe ici un joli premier long-métrage à voir en famille, dont la totalité du casting sonne très juste, et dont on ressort forcément avec le sourire.