Kyan Khojandi revient à Toulouse ! Pour jouer son seul en scène  » Une Bonne Soirée « , le 24 janvier 2023 au Zénith !
Un spectacle très drôle, extrêmement bien écrit, subtil, émouvant , mais surtout un bon moment partagé entre lui et le public. Rencontre avec un artiste aux multiples talents qui nous parle de ce spectacle bien sûr, mais à travers celui-ci, de lui, sa façon de travailler, ses projets, son attachement à Toulouse…

Bonjour, et merci beaucoup pour cette interview dans votre emploi du temps chargé. Nous allons commencer par parler du spectacle  » Une bonne soirée «  . C’est le spectacle que certains ont eu la chance de voir en janvier 2022 au Casino Barrière, et cette fois il sera joué au Zenith.

Exactement.

Pour ceux qui ne l’ont pas vu encore, pouvez-vous nous en parler un petit peu ?

Ce spectacle s’appelle «  Une bonne soirée «  et je raconte une des meilleures soirées de ma vie. Et donc c’est tout un parcours, d’une histoire qui vient… Comment un gars qui rentre d’un resto – c’est moi le gars hein – comment un gars qui rentre d’un resto et se dit  » tiens je vais me faire ma petite verveine en rentrant « , puis rentre chez lui, se fait sa petite verveine et ensuite passe la meilleure soirée de sa vie. Comment c’est possible ? Voilà, c’est le postulat de base du spectacle. Si vous avez vu le spectacle vous comprendrez que l’on essaie de garder un maximum de secret et de discrétion, surtout parce que ce qui est bien dans ce spectacle, c’est tout ce que ça révèle en fait.

Je suis d’accord. Je l’ai vu oui, je l’ai recommandé, mais sans rien révéler. Effectivement, je trouve qu’il ne faut pas trop en dire parce que c’est très bien écrit, plein de surprises et que par conséquent il faut que les gens puissent découvrir toutes les subtilités du spectacle.

Oui, nous sommes dans un monde où tout a un teaser, une bande annonce. Tout est révélé à chaque fois, pour rassurer, pour dire  » venez ne vous inquiétez pas « . Et là, je dis toujours aux gens : regardez  » Pulsions  » sur Internet (lien Youtube au bas de l’article) , il est gratuit, c’est mon ancien spectacle. Je l’ai mis gratuitement pour vous, c’est un cadeau que je vous fais, si ça vous plaît, vous allez adorer  » Une bonne soirée « .

Le spectacle est co-écrit avec Navo ( Bruno Muschio ), comme souvent. Comment procédez – vous ? Parce que le spectacle est vraiment très bien écrit, c’est très précis, on va on vient, il y a des digressions, et des digressions dans les digressions mais rien n’est oublié. J’ai été impressionnée. Comment cela se passe, quand on écrit à deux, pour en arriver à ce résultat  » chirurgical  » ?

Je vous explique comment, nous, on a procédé. On passe des heures, et des heures, et des heures… à discuter d’idées. Moi dans un premier temps, c’est comme si j’avais une petite épuisette, un truc pour chasser les papillons, mais dans mon cas c’est pour chasser les idées de de ma vie. Je vais souvent dans mon passé chercher des anecdotes que je trouve intéressantes. Et quand j’en trouve une, quand je la trouve intéressante, c’est-à-dire qu’elle a un début, un milieu, une fin, une chute, une morale, après, j’appelle mon pote, et je lui dis  » tiens j’ai cette histoire – là « , et s’il me dit  » super « , alors on va commencer à tricoter dedans, on discute à nouveau pendant des heures, des heures, et des heures… et enfin on rédige, généralement en quelques dizaines de minutes. Après je vais tester le sketch,  je vais l’assembler en fait, sur scène. On a mis des blagues dedans, mais je vais essayer de le rendre de plus en plus drôle et ensuite quand on a fait ça sur 5 ou 6 sketchs, on rôde complètement le spectacle en lui-même. Et quand on assemble les sketchs on se dit  » tiens on peut connecter des informations entre les sketchs « , et donc on connecte encore plus les sketchs entre eux etc… Et on rajoute des couches et des couches et des couches …c’est comme une peinture en fait ! D’abord, on ponce, on regarde si le bois est bon. Si le bois est bon et bien hop ! on met la première couche, 2e couche, 3e couche, le vernis, on polit, on remet un coup de vernis. Ensuite, on met une belle exposition dans un bon cadre, c’est un super truc ! Voilà comment on construit notre spectacle. Vu comme ça, ça casse un peu la magie. Si tu mets ça dans le blog…ça casse un peu la magie (rires) mais finalement ça donne un spectacle extrêmement construit, sensé et les gens ne perdent jamais le fil, mais surtout ils passent un super moment.

Non, ça ne casse pas la magie au contraire, on comprend mieux effectivement pourquoi c’est si bien écrit et si précis. Sur le sur le communiqué, on voit qu’il est écrit « une bonne soirée 2023 », c’est à dire que le spectacle a évolué ?

Non, il évolue petit à petit mais il n’évolue jamais complètement. Je le joue tous les ans depuis Toulouse. Là ça fait un an que je ne l’ai pas joué, il y a de nouvelles blagues qui arrivent, forcément, à force de jouer, de travailler, plein de petites choses.

C’est le spectacle qui a commencé en 2019 ?

Oui à La comédie de Toulouse justement ! Et la verveine qui parle, qui devient un personnage, ça a été trouvé à Toulouse tout ça par exemple !

Est-ce qu’on prend toujours le même plaisir sur ce spectacle depuis 2019, ou est-ce compliqué de devoir s’arrêter et le reprendre ?

Non, ce n’est pas compliqué. Mais de toute façon, il y a eu le confinement, donc moi je l’ai joué un an et après il y a eu une pause d’un an avec le COVID. Après je l’ai rejoué, j’ai fini ma tournée. Puis je l’ai repris. Non au contraire c’est comme un habit de lumière que l’on remet de temps en temps et c’est hyper agréable à mettre parce qu’il marche bien. Après il y aura la captation et quand il sortira en captation je ne pourrais plus jouer parce que je préfère garder l’effet de surprise. Et je ne veux pas que les gens soient dans une situation de karaoké comique, c’est sûr (rires).

Vous faites beaucoup de choses très différentes et je ne vais pas vous demander ce que vous préférez. J’ai lu que vous disiez « chaque média a une vertu thérapeutique », chaque chose que vous faites a une vertu thérapeutique. C’est-à-dire ?

En fait, ce n’est pas une question de médias, c’est une question de propos. Qu’est-ce que je raconte et qu’est-ce que j’ai envie de faire. Moi, je fais un spectacle, je parle de choses qui m’ont généralement un peu marquées dans ma vie. Alors que ce soit positivement ou négativement, peu importe, mais cela m’a un peu marqué. Le fait d’en parler ça démocratise beaucoup ce qui peut être un peu dérangeant. Du coup, ça le rend drôle dans ma tête et ça me permet de pas stocker des informations négatives. Ensuite, quand je fais « Un bon moment », c’est une émission que je fais, un peu fleuve, sur ma chaîne Youtube toutes les semaines, ce n’est pas vraiment thérapeutique, mais j’apprends beaucoup de choses avec les invités donc, forcément, j’évolue. Je construis en fait. Chaque média apporte une évolution, chaque média apporte une construction et ça c’est très important. Chaque œuvre, chaque moyen… Quand j’ai fait mon album par exemple, j’étais en situation de crise totale d’identité. C’était une crise d’identité relationnelle, je ne savais plus comment aimer, je faisais un point sur le fait que j’étais incapable d’aimer. Et oui, le fait d’avoir fait ça, m’a permis de rebondir, de rencontrer, par exemple, la femme que j’aime et de vouloir passer aujourd’hui ma vie avec elle. Donc tout est lié, ce sont des étapes, des moments de vie. D’ailleurs comme disait Baudelaire, il faut trouver le flacon pourvu qu’on ai l’ivresse, peu importe le flacon (rires).

C’est peut-être un hasard, mais là, dans vos créations on a « Un bon moment », « Une bonne soirée », est-ce que vous arrivez à une période, à des étapes de votre vie où c’est une envie de votre part de montrer le bon côté des choses ?

Oui c’est très vrai. Pour « Une bonne soirée », on voulait faire un spectacle où le héros, c’est moi. Je me dis que c’est un peu schizophrénique (rires). Et ce héros réussit. Généralement dans un spectacle comique le héros rate, il est toujours situation d’échec ou de « ça ne va pas ». Ben là je me suis dit,  » tiens, on va en profiter et ça va être un spectacle heureux « . Donc oui, c’est un parti pris, un risque, parce que parfois les gens peuvent rejeter, dire  » non, non, ce que l’on veut d’un comédien ou un comique, c’est que ça reste sur les choses qui ratent, on ne veut pas ça « .

Et en même temps je trouve que l’on traverse tous une phase de notre vie où l’on a plutôt envie que ça que ça marche, que ça fonctionne, que ce soit positif…

Oui je pense. Je suis très content que ce soit positif. Ca fait du bien à jouer. Ça a l’air de fonctionner sur pas mal de gens. Bon tout le monde n’est peut-être pas forcément unanime, mais ca n’existe pas l’unanimité, non ? (rires)

Parlons des projets d’après tournée. Vous allez développer l’album ou il y a encore d’autres choses, peut-être, avant ?

Il y a un clip qui va sortir de l’album, pour fêter les un an de l’album, je trouvais ça sympa. Après je repars en écriture, il y aura peut-être le prochain spectacle et aussi un projet de série à côté mais pour l’instant c’est encore un peu jeune pour en parler.

Je voudrais que l’on parle de « Hot Ones ». C’est un concept existant que vous avez repris, c’est très original (Interview au cours de laquelle un invité se livre en mangeant des aliments de plus en plus pimenté, voir au bas de l’article). Qu’est ce vous avez découvert sur vos invités ?  Ils se prêtent facilement au jeu, ils n’avaient pas d’appréhension ? Parce qu’en fait ça les désinhibe, et ça donne une interview très particulière.

C’est un vrai saut dans le vide pour eux. Un vrai vrai saut dans le vide. Ce n’est pas du tout une émission lambda où on vient, on fait des interviews, on part. Quand Jamel vient, il y laisse des plumes. Mais pourtant, c’est Jamel ! Le plus grand, un des plus grands dans la maîtrise des interviews. Mais là non, au contraire, c’est une interview où il faut sauter dans le vide. Avec moi. Parce que même moi, je saute dans le vide, je ne sais pas trop comment ça va réagir et donc c’est hyper intéressant.

Parce qu’on on voit qu’effectivement il se livrent de manière très intime. C’est lié au piment d’après vous ?

C’est l’effet piment oui c’est ça. La désinhibition du piment, un peu comme l’alcool mais légal ! (rires).

Ils se jettent donc dans le vide… Ce sont donc des gens qui vous font confiance. Vous n’avez pas eu de mal à les convaincre ?

Je crois que mon statut d’artiste ne les place pas dans une position où ils se sentent en danger. Et puis maintenant ils ont vu les émissions existantes et ils savent que je ne suis pas piégeur mais plutôt bienveillant. Dans le sens où je ne vais pas les piéger, vu que je suis un artiste, que j’ai ma carrière artistique à côté, et que je ne suis pas un présentateur ou un journaliste.

C’est un rapport d’égal à égal ?

Finalement oui, il y a un côté  » on se connait, on se comprend, on sait ce qu’on a vécu. Je comprends, je l’ai vécu aussi donc, je vois tout à fait ce que tu dis « . C’est très intéressant aussi, les gens viennent comme si… Je suis un peu un Michel Drucker pimenté en fait !

J’aime beaucoup l’image (rires)

Pour terminer, j’ai eu une question que je pose toujours à la fin de mes interviews : quelle est la question que l’on ne pense jamais à vous poser et à laquelle vous aimeriez répondre en interview ?

C’est intéressant ça… Je réfléchis…. Ce serait  » est-ce que ça vous fait toujours plaisir de faire plaisir ? « .

Et la réponse est… ?

Mais tellement ! C’est la base de ma vie !

C’est vrai que vous avez la chance de faire un métier où finalement on se dit qu’il n’y a pas forcément de retraite, parce que j’imagine que ça doit faire plaisir indéfiniment de faire plaisir aux gens…

J’appelle ça le partage égoïste. Dans le sens ou c’est pour les autres ! Et que sans les autres, ça n’existe pas. C’est tellement récompensant pour ça. C’est pour ça que j’ai appelé ma production  » faire kiffer les gens « . Parce que je passe ma vie à ça, à faire des choses pour surprendre et que les gens disent  » Ah pu**** c’est vachement bien  »  » Ah ouais waow « . C’est vraiment le but de ma vie.

C’est un joli but.

Oui, c’est le but de ma vie. C’est pourquoi je suis sur cette planète Terre, parce que je suis là pour trouver des astuces, pour faire plaisir aux gens. Sur le plan artistique, mais pas seulement. La plupart du temps, même pour mes proches, je me prends la tête en permanence pour offrir les cadeaux les plus originaux. Pas les plus chers, mais les mieux sentis, parce que j’écoute beaucoup mes proches. Quand je discute au téléphone, ou quand on se voit…je prends des notes méticuleusement, 6 mois avant pour calculer Et c’est ce jeu-là, de chercher à leur faire vraiment plaisir, à les surprendre que j’aime. A Noël on fait un truc avec ma famille : entre chaque plat, on ouvre un cadeau. Donc on fait plein de petits cadeaux. Et j’en achète pleins, je suis trop content parce que ce sont des petits cadeaux qui font plaisir ou bien sentis. C’est pour montrer le temps d’une soirée les attentions et les intentions que l’on a envers quelqu’un.

Merci beaucoup. Je rappelle donc que l’on vous retrouve pour  » Une bonne soirée « , à Toulouse…

Oui, je suis trop content de revenir a Toulouse je suis très attaché à cette ville. C’est à Toulouse que j’ai écrit mon album. Toulouse m’accueille toujours très chaleureusement. J’aime Toulouse, même les commerçants, toujours très gentils… les gens… Toulouse c’est toujours un plaisir. J’ai l’impression que depuis la collaboration que j’ai faite avec les frérots Bigflo & Oli, ça nous a lié un peu.

Et quand les Toulousains ont un lien particulier avec un artiste, ils y tiennent…

Moi j’y tiens aussi. On passera une super soirée et je suis trop content de revenir.

Le rendez-vous est pris pour son spectacle  » Une bonne soirée «  le 24 janvier 2023 au Zénith de Toulouse !

Merci beaucoup à Kyan Khojandi pour cette interview.

LE QUESTIONNAIRE « BONNE SOIREE » DE KYAN!

Le spectacle que vous conseillez pour passer une bonne soirée seul ou accompagné ?

Orelsan sur scène, je pense qu’on passe une bonne soirée.

Le film culte qui est synonyme de bonne soirée, bon moment ?

Ha oui ! Il  y a un film que je regarde tous les ans, c’est Will Hunting. Un film magnifique,  vraiment, pour une super soirée, on passe par tous les états d’émotions, et c’est génial.

Maintenant que vous êtes jeune papa, la bonne soirée en famille, ressemble à quoi ?

Alors la bonne soirée en famille…ben moi j’en suis à l’âge ou à 20h, il est couché (rires) Donc c’est après 20h, quand on peut souffler, me retrouver avec ma femme, simplement, c’est très agréable aussi.

La définition d’une bonne soirée ?

Les soirées improvisées ! Une soirée à laquelle on ne s’attend pas ! Les soirées où on s’attend à passer une bonne soirée…ben c’est pas une bonne soirée (rires). Le syndrome du Nouvel An notamment, où  il faut absolument choisir une soirée…ben c’est pire, c’est raté quoi.

La musique du moment qui vous accompagne pour passer un bon moment ?

J’écoute, Révalité de M, Ça fout la patate ! Son dernier album est très réussi. Je pense que c’est un de ses meilleurs albums. C’est quand même fou, qu’après 20 ans de carrière, le gars se renouvelle encore, et arrive a pondre un de ses meilleurs albums !

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